mots-d-AL-com

mots-d-AL-com

Rocheuses canadiennes, octobre 2011

Mon voyage dans les Rocheuses fut le road trip par excellence. De celui qui recharge nos batteries en nous ouvrant plein de nouveaux horizons. De celui qui nous aide à mettre les choses en ordre dans notre tête. Un voyage en solitaire, probablement le meilleur de tous ceux que j’ai faits...

 

Mon trajet était assez ambitieux, et j’ai trouvé le moyen de l’allonger encore en changeant mes plans presque chaque jour ! Mais ça en valait la peine. Je suis donc partie de Vancouver sous la pluie pour aller dans la région des vignobles : l’Okanagan. De là, je me suis rendue à Nelson, petite ville nichée au cœur des Kootenays, magnifique région de lacs et de montagnes. Mes deux premières soirées furent dédiées au vin. Quel bonheur de déguster un bon verre de vin en lisant un bon bouquin !!

Après une nuit quasi blanche à cause des « légers » ronflements de ma voisine de chambre (j’ai quand même terminé sur le canapé de l’entrée à 2.30 du mat’), j’ai à nouveau décidé de changer mes plans et d’aller prendre un ferry pour faire la route au cœur des montagnes. Plus de 10 h de route, mais qu’est-ce que c’était beau !! Une petite frustration due aux nuages qui restaient accrochés aux sommets, mais quand même, quelle vue ! Une vallée qui n’en finit pas, et si vaste qu’on pourrait y mettre 3 fois celle de Cham !

Je me suis amusée à aller prendre mon sandwich de midi aux USA. Bon, le passage de la frontière est un peu plus compliqué qu’au Châtelard, mais ça m’a fait bien rire. Objet de votre visite ? - Juste le kif d’aller prendre mon déjeuner aux USA. Où allez-vous ? - juste là, à gauche face au lac...

Sur ma route ce jour-là, un petit village perdu, où de la musique bavaroise est jouée dans les haut-parleurs de la place centrale, place entourée de Gasthaus qui se targue de servir les meilleurs schnitzels de la région...

La route est longue, mais ce soir, je dors à Lake Louise, alors mon adrénaline est assez forte pour endurer le trajet.

Ça y est, je démarre l’ascension. Entre chien et loup, j’aperçois une enfilade de montagnes énormes. Elles ne sont pas forcément très hautes, mais elles sont vraiment imposantes. Là, l’émotion me serre la gorge et les larmes me montent aux yeux. Plus loin, dans l’obscurité, un troupeau de wapitis se promène sur le plat de la rivière...

Le lendemain matin, je file donc au fameux lac. J’y suis assez tôt pour le trouver peu fréquenté. Juste quelques Japonais... Je décide de monter au lac Agnès. Là encore, l’heure me permet d’être quasi seule. Je déguste un bon café face au lac, un petit coin de paradis qui n’est pas sans me rappeler le chalet au-dessus de Servoz... Suite à une faiblesse de ma part, je ne peux pas aller au Moraine Lake, qui est censé être encore plus beau, car je n’ai pas réussi à dire un vrai non à un mec de Digne-les-Bains, que je dois maintenant récupérer pour emmener à Banff... Tant pis, je pensais y aller le lendemain, mais là encore, erreur de ma part, je me suis mal renseignée et n’ai pas vu que l’accès serait fermé... Note pour plus tard : Il faut vraiment apprendre à dire NON !!

Tant pis, nous filons au lac Minnewanka où nous faisons un pique-nique bien sympa quand même. Et en route, nous croisons un superbe mâle wapiti sur le bord de la route. Je dépose mon compagnon de route à Banff, qui est un joli petit village niché dans les Rockies. De là, je vais à Canmore, une petite ville en bordure du parc, où je retrouve un ami. Il m’offre une visite express et nous nous asseyons devant une bonne Guinness (ça faisait bien longtemps !), dans un resto - pub d’un autre temps, où les tapisseries rappellent celles des BD de Lucky Luke, avec, en plus, de vieux piolets, de vieux mousquetons suspendus partout.

Le lendemain, je prends la route pour Jasper. 230 km sur l’Icefield parkway. Là, malgré une météo un peu capricieuse, c’est l’émerveillement permanent. J’en ai mal aux yeux, il y en a de trop ! Quand je pense avoir un répit, une autre montagne, un autre lac, un autre glacier surgit. Je frôle l’overdose de grandiose. C’est incroyable. Je m’arrête partout. Crapahute autant que je le peux. Résultat : 7 h pour couvrir 230 km ! 

J’arrive à mon auberge perdue dans les bois. Pas d’eau courante, tout y est assez rudimentaire. C’est la meilleure nuit de mon séjour ! J’y croise un couple de Barcelone très sympa. Ils connaissent bien Chamonix... Au bonheur d’être perdue dans la nature s’ajoute le frisson canadien : quand tu vas aux toilettes la nuit, tu n’es pas totalement sûr de ne pas croiser une grosse bête...

Le lendemain matin, je file assez tôt vers Maligne Lake. En route, la magie opère encore une fois. Je vis sans doute le plus beau moment de ce voyage. Un lac, une lumière fantastique, quelques nuages pour l’ambiance, et une mère orignal et son petit... quand je retourne à ma voiture, je jette un dernier regard et aperçois un mâle qui arrive. Le temps d’attraper mon café et je redescends. ô temps suspends ton vol. Quel privilège d’être là !

Toute la journée, j’enchaîne des balades, toutes aussi belles les unes que les autres. J’épuise mon répertoire de chansons pour tenir les ours à distance. C’est la saison où ils font leurs réserves pour l’hiver et ne sont pas forcément très amicaux... Ajoutez à cela, la période de rut des caribous, et cela nous fait un beau cocktail de vie sauvage à éviter !

Ce soir, je rejoins une autre auberge bien sympa. Au détour d’un virage, j’aperçois des bois qui dépassent. Ni une ni deux, je fais demi-tour et me gare. Un gros mâle caribou est en train de paître tranquillement... L’auberge est tout aussi perdue dans la forêt que celle de la veille. On prend l’eau à la pompe ! J’entre dans le chalet principal, un feu de bois dans le poêle, Radiohead dans le vieux radiocassette... C’est bon !!! Une belle soirée avec deux Allemands et un couple de Suédois. 

Le lendemain, je fais une dernière belle rando avant de prendre la route pour descendre vers Vancouver. Le cœur un peu serré, je quitte Jasper. 

La route est parsemée de belles chutes d’eau, les montagnes sont encore très belles. Le lendemain, je décide de tourner et je prends une belle variante. Après une route assez bucolique, avec quelques fermes dispersées, dont une de bisons, je rejoins une route non goudronnée qui surplombe le lac. J’ai encore eu une belle idée ! Des camions chargés de troncs d’arbre me doublent et je découvre une grosse scierie (est-ce une scierie à ce stade ?) au bout de la route. Je vais demander si quelqu’un peut me faire visiter. Coup d’épée dans l’eau.

Je rejoins Squilax pour ma dernière nuit. Les dortoirs sont répartis dans trois wagons qui stationnent dans le jardin, au bord du lac, sur quelques mètres de rail. Assez pittoresque. Ici, un dernier rendez-vous avec la vie sauvage canadienne m’attend : la remontée des saumons. C’est assez impressionnant de les voir sauter et actionner leur queue pour braver le courant. Les cadavres des plus faibles jonchent les rives et flottent au milieu des vaillants nageurs. 

Le soir, personne n’accepte le vin que je propose. Ça ne va pas me freiner ! Dans le salon, près du feu, je déguste un (euh... deux ou trois !) verre de vin en discutant avec la jeune Française employée dans l’auberge. Avant d’aller dans ma couchette qui me rappelle mes allers-retours parisiens, je vais écouter les saumons sauter au bord du lac. Le ciel est noir et parsemé d’étoiles, la lune est presque pleine. Le spectacle est magnifique !

Voilà, le dernier jour de mon périple est arrivé ! La route est encore très belle. J’emprunte la route des chercheurs d’or. Le paysage est bien différent de celui des jours précédents, mais l’ambiance est au rendez-vous. Collines dorées, rivière d’un bleu profond, des trains interminables, des gorges profondes. Et je termine la boucle sur un banc, face aux lumières de downtown Vancouver, après plus de 3 000 km. Un dernier verre de vin, une dernière cigarette, je savoure ce moment, fin parfaite d’un séjour parfait.

Dimanche, pour allonger un peu l’aventure, je profite d’avoir ma voiture pour aller au parc du phare de la pointe nord-ouest de Vancouver. C’est une journée d’automne magnifique. L’air est frais, le soleil haut, les couleurs et la lumière parfaites. 

Ce qui est incroyable avec ce pays, c’est que j’ai fait 3 000 km, et j’ai vu une variété de paysages incroyable, mais quand je regarde sur une carte, je n’en ai parcouru qu’une infime partie. Il me reste tant de choses à découvrir !

 

 

 



06/06/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres