Chroniques
Dire bonjour...
Je suis nostalgique des bonnes manières.
L’autre jour, j’étais dans la file d’attente du cinéma. Un couple d’environ 70-75 ans attendait devant moi. Un autre couple l’a rejoint. Les deux messieurs portaient une casquette. Chacun s’est découvert pour dire bonjour aux dames. Ils se sont fait la bise et semblaient bien se connaitre.
J’ai été touchée. J’ai trouvé ce geste charmant, élégant et tellement respectueux !
Aujourd’hui, on entre dans un commerce sans dire bonjour. Les vendeurs et vendeuses n’arrêtent pas leur discussion pour dire bonjour aux clients. On ne s’excuse plus de bousculer quelqu’un dans la rue. Je ne ferai pas la liste de tous les gestes d’incivilité que je constate au quotidien, gestes qui témoignent d’un tel manque de respect des uns envers les autres.
Mais j’aimerais tellement être touchée plus souvent par des hommes retirant leur couvre-chef pour dire bonjour ! Ou par quelqu’un venant spontanément en aide à son voisin, ne serait-ce qu’en lui ouvrant la porte parce qu’il a les bras chargés…
Le pire, dans tout ça, c’est que le manque de civilité est contagieux. Je me surprends moi-même régulièrement en train de négliger mon voisin.
C’est peut-être ça qui m’affecte le plus, finalement. Voir que je ne suis pas infaillible en la matière… Mais n’est-ce pas finalement ce qui est sous-jacent dans chaque reproche, dans chaque critique ? N’est-ce pas le fait d’être conscient d’être soi-même en faute ?
Diantre ! Que c’est irritant !
En attendant, et malgré mes propres fautes, je dis « Vive les hommes qui se découvrent pour saluer une dame ! Merci de me toucher avec un geste aussi simple. ».
Et, putain de bordel de merde, réapprenons à dire bonjour en entrant quelque part !
De qui se moque-t-on ?!?
Évadez-vous dans le confort…
Les auteurs de ce slogan pour une compagnie d’autocars ont certainement dû se congratuler devant tant de créativité… Car, de la créativité, il en faut pour trouver ça !
« Offrons-leur du rêve. Offrons-leur du luxe… » ont-ils dû se dire.
Ces créateurs de mirage n’ont sans doute jamais passé plus de 10 minutes dans un bus. Sinon, ils n’auraient pu écrire une telle aberration.
Ah, la joie des voyages en bus ! Parcourir des milliers de kilomètres confinés dans un espace clos, coude à coude avec son voisin, en se retenant de vomir alors que celui de derrière n’en a pas été capable et que vous baignez dans les relents de ses nausées…
Réjouissez-vous ! Comme le bus est tout confort, vous pourrez vous divertir avec un bon film !
À l’époque, je crois avoir regardé les Gremlins chaque année pendant 5 ans. Le confort ultime de pouvoir regarder un film en voyageant… Un petit écran pour 30 personnes, une bande-son qu’on devine plus qu’on ne l’entend, le rêve de tous !
Je les imagine en train de se creuser le cerveau… Brainstorming. C’est le mot à la mode.
— Le bus… c’est le voyage ! Le voyage, c’est, c’est… l’évasion !
— Oui, c’est ça ! On le tient !
— Évadez-vous !
— Oui, mais il manque quelque chose…
— Évadez-vous, évadez-vous… Qu’est-ce qu’on recherche quand on voyage ? L’aventure ?
— Bah, on a déjà l’évasion.
— Ah oui. Se sentir bien ?
— C’est ça ! Le confort !
— Évadez-vous dans le confort ! »
S’en suivent accolades et tournées générales…
Ils sont forts pour vendre du rêve, pour transformer une réalité médiocre en promesse de bonheur.
À l’heure où chacun cherche à se ressourcer, à cultiver son bien-être, quoi de plus facile que d’offrir une évasion dans le confort ? Tout le monde veut signer !
Mais, finalement, pour « s’évader dans le confort », ne serait-ce pas plus simple de rester assis chez soi, un café à la main, en écoutant les oiseaux chanter ? Ça peut paraitre simple, voire simpliste, un peu trop « Petite maison dans la prairie ». Mais, c’est pour moi une des plus belles idées d’évasion dans le confort…