L'œil gauche à l'œil droit...
L’œil gauche à l’œil droit :
- Tu te souviens de ton premier clin d’œil ?
- Et toi ?
- Comme si c’était hier… Surtout que, si je me souviens bien, c’est moi qui suis restée ouverte et qui ai vu le sourire radieux de maman, si fière qu’on y soit arrivé.
- Ah, excuse-moi, je me permets de te contredire, mais c’est moi qui suis resté ouvert.
- Et voilà, comme toujours… Il faut toujours que tu te mettes en avant. Y’en a toujours que pour le
côté droit.
- Bah, ça semble logique, non ? Il y a quand même une majorité de droitiers sur terre.
- Oui, mais alors… Quand on fait un clin d’œil, lequel est le dominant ? Celui qui reste ouvert ou
celui qui se ferme ?
- …
- Ah, ça te la coupe, hein ? Est-il plus facile de se fermer quand l’autre reste ouvert ou le
contraire ? Parce que l’air de rien, je fournis un effort incroyable pour bien rester fermé, alors que
toi, t’es pas fichu d’y arriver.
- Il faut reconnaitre que la question mérite réflexion. À moins que…
- À moins que quoi ? Qu’as-tu encore à dire ?
- Je me disais…
- Bah vas-y, expose ton idée !
- Nan, tu vas te moquer…
- Mais non.
- Je pense que l’idée peut te plaire, à toi le gaucho de service : en fait, tant qu’on n’arrive pas à se
dissocier, cela montre un lien fusionnel entre nous deux. Puis, quand enfin on y arrive, c’est le
fruit d’un formidable travail d’équipe.
- C’est sûr que vu comme ça…
- Ben oui, on ne peut parler de clin d’œil que si l’un est prêt à rester dans le noir, tandis que l’autre
est celui qui regarde…
- Mouais, pas mal ton analyse. Mais, qu’est-ce qui se cache derrière ton raisonnement ?
- Rien, rien… Je dis ça comme ça.
- Allez, accouche !
- Tu vas pas aimer.
- Je me doutais bien que tu ne pouvais pas avoir retourné ta veste comme ça.
- Bah c’est simple, du premier qu’on a réussi à faire à celui d’hier à ce beau gosse qui est passé,
qui est-ce qui finit toujours par se rincer l’œil ? C’est bibi ! Alors, si je t’apaise en te servant des
théories humanistes fumeuses, tu ne me casseras plus les cils pour rester ouvert et je
continuerai à profiter des grands sourires que nos prouesses, que TES prouesses, déclenchent.
- C’est ça, fiche-toi de moi. Tu verras, un jour je me mettrai en grève et resterai grand ouvert.
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