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Histoire de mites

Cher Monsieur,

 

Je fais suite à votre appel au sujet des trous de mites dans vos vêtements. Comme vous pouvez le constater, le fait de m’avoir raccroché au nez ne m’a pas offusquée au point de ne pas faire de suivi.

 

Je récapitule donc vos propos : vous avez acheté vos t-shirts il y a plus de 5 ans. Vous les avez stockés dans des malles, et, en les sortant, vous avez constaté qu’ils étaient pleins de trous de mites… Mites que vous reconnaissez être les vôtres. Donc, vous m’appelez en reconnaissant que vous êtes largement hors de notre période de garantie (qui est de 1 an pour tous les problèmes de malfaçon) et que les trous ne sont absolument pas dus à un problème de fabrication ou de faiblesse du tissu. Jusqu’ici, je ne peux que saluer votre honnêteté et votre capacité à reconnaitre vos torts.

 

À ce stade, j’aimerais faire une pause, histoire de calmer mes nerfs. J’aimerais vous poser une question : auriez-vous l’aplomb d’acheter de la viande hachée, de la laisser en plein soleil pendant deux heures, et de la rapporter à votre boucher pour demander une compensation ? Attention, il y a un piège. Réfléchissez bien.

 

Ça y est ? Bien. Est-ce que l’extrême clairvoyance dont vous avez fait preuve en reconnaissant les faits exposés ci-dessus vous permet de faire un parallèle entre vos t-shirts et la viande hachée ?

 

Non ? Vous ne voyez aucune similitude ? Ah. Je vois. C’est ennuyeux. Mais, notez que, vu votre démarche, ça ne me surprend qu’à moitié.

 

Mais, après tout, dans le contexte actuel, où tout est fait pour assister les clients et aller même au-delà de chacun de leurs désirs, je ne suis pas si surprise que ça. Mais, vous ne m’empêcherez pas d’être agacée, voire ulcérée de devoir faire toujours plus pour les gens, au point de leur faire perdre tout point de repère, au point de leur faire perdre toute notion du réel, voire tout respect d’eux-mêmes. Car, franchement, n’avez-vous aucune automesure ni aucune estime de vous pour venir me demander un geste commercial quand tout est de votre faute ?

 

Enfin, il semblerait que ce soit la tendance. Alors peut-être est-ce vous qui êtes dans le vrai et moi qui me trompe. Mouais… Disons, que si c’est le cas, je reprendrai ma formule favorite : « Le monde marche sur la tête. ».

Je vous souhaite bonne chance dans vos futures démarches. Je crois, ou plutôt, je crains, à mon grand désespoir, que vous n’ayez plus souvent gain de cause que moi.

 

En attendant, et au risque de me faire taper sur les doigts, je ne vous proposerai aucune sorte de compensation pour vos vêtements. Le fait de m’avoir raccroché au nez a influencé, soyez-en sûr, ma décision. Vous vous rendez-compte ? Vous êtes arrivé à perdre votre contenance et toute civilité pour des t-shirts ? Ne trouvez-vous pas cela un peu extrême comme réaction ? N’avez-vous aucune autre cause à défendre avec autant d’ardeur, plutôt que de vous essouffler pour des vêtements ?

 

Je finirai tout de même sur une note positive. Je vous remercie de votre démarche. Elle m’a permis de m’émerveiller. Oui, je m’émerveille devant tant de futilité, d’audace et d’assurance. Finalement, vous m’avez beaucoup appris, et vous me laissez tout ahurie…

 



29/11/2016
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